14 habitudes que j’ai prises à Winnipeg

Ce mois-ci dans Histoires expatriées, on nous demande quelles sont les habitudes et coutumes qu’on a pris dans notre pays d’adoption. Je vous ai préparé une liste non exhaustive, mais qui vous donnera un aperçu de comment on s’adapte à la vie locale après bientôt 7 ans sur le territoire canadien.

  • Mentalité d’ouverture d’esprit

Peut-être l’une des habitudes/coutumes que j’ai le plus prise et qui a opéré un changement radicale de ma manière de penser et d’approcher l’autre par rapport à quand j’étais en France. Au Canada, chaque jour, on est confronté à des centaines de cultures, d’histoires personnelles d’immigrants, de langues et de religions différentes ce qui fait que notre ouverture d’esprit et notre approche de la différence s’en trouvent forcément changées par rapport à la vie en France. Au final, en tant qu’immigré, on fait partie de cette masse de gens qui, malgré leurs différences culturelles et ethniques, ont choisi ce pays pour y faire leur vie et, par conséquent, ont décidé d’accepter l’autre dans le respect de sa différence, cette dernière étant même valorisée et mise en valeur comme marqueur d’identité.

  • Payer sa carte de crédit

Contrairement à la France où j’avais une seule carte bancaire, ici il en faut deux: une de débit (équivalente à un débit immédiat) et une de crédit (soit à débit différé). J’ai été longtemps réticent à ce système parce que je n’avais ni l’envie ni le besoin d’avoir deux cartes bancaires, mais finalement j’ai dû m’y plier comme tout le monde pour pouvoir réaliser certains actes et achats du quotidien. Le crédit, ici, est partout et l’endettement fait tourner l’économie. Mais contrairement à de nombreux Canadiens, je ne dépense jamais plus d’argent sur ma carte de crédit que ce que je peux réellement payer et rembourser chaque mois. Ainsi, j’utilise le système sans en vivre les inconvénients, soit de payer des intérêts astronomiques sur des avances d’argent pour des dépenses courantes. Sachez qu’on est une minorité dans ce cas…

  • Faire ses courses n’importe quand

Winnipeg n’est pas Toronto, Montréal ou Vancouver, mais les magasins sont tout de même ouverts le dimanche. En fait, le règlement sur ce point avait été changé l’année avant mon arrivée au Manitoba. Alors faut pas rêver, les magasins ferment quand même tôt, soit 18h le dimanche, mais c’est toujours mieux que la France ou le dimanche j’avais le souvenir qu’il n’y avait rien à faire. Au moins, là, je peux aller faire mes courses quand je veux et, en semaine, je peux y aller jusqu’à 23h… Dis comme ça, ça peut paraître bête, mais croyez-moi que c’est franchement utile et arrangeant parfois.

  • Ajouter les taxes sur les prix

Ça, ça va avec faire ses courses. Quasiment tous les prix sont affichés hors taxes ici donc il faut prendre l’habitude d’ajouter ces dernières au moment de payer. Ça peut être perturbant pour les touristes ou les nouveaux arrivants, mais on s’y fait assez rapidement même si le système n’est pas forcément toujours logique.

  • Sortir par n’importe quel temps

Avec 6-7 mois d’hiver et 4-5 d’été, sans réel automne ni printemps, on est obligé d’apprendre à sortir par n’importe quel temps au Manitoba. Qu’il neige, qu’il vente, qu’il fasse -50 ou ressenti 40, on ne peut pas se permettre de rester enfermer parce que, sinon, on ne vivrait plus. À cela s’ajoute que, par mon travail, je suis obligé quoi qu’il en soit de sortir s’il y a une tempête de neige et je ne bénéficie pas de snow days puisque je suis justement censé informer les gens lorsqu’un tel événement météorologique se produit…

  • Entendre les voisins

Au Canada, on apprend rapidement que l’intimité n’existe quasiment pas dans les appartements. Les constructions sont souvent en bois, de plus ou moins bonne qualité et on entend ainsi quasiment constamment ses voisins parler, manger, faire le ménage, regarder la TV etc. Agaçant, mais là encore on s’y fait et l’insonorisation exécrable fait que ce critère devient vite un élément important lors de la recherche d’un logement.

  • Les heures de routes pour voyager

Dès qu’on sort de Winnipeg, il n’y a rien. C’est le vide. Les champs s’étendent à perte de vue, les villages sont parsemés et éloignés et la deuxième plus grande ville de la province, qui compte à peine 50 000 habitants (contre 800 000 pour Winnipeg) est à 2h30 de route. C’est bien simple: dans les Prairies, pour faire quelconque activité ou pour visiter quelque chose, ça prend des heures de route.

  • Compter les voyages en heures et pas en kilomètres

Cela découle du point ci-dessus, mais c’est une réalité: ne me demandez pas combien de kilomètres il y a entre tel endroit et tel autre, je serai probablement incapable de vous le dire. Par contre, je saurai vous dire combien de temps ça prend pour y aller. Ce facteur est en fait bien plus important et pertinent là où on habite que le nombre de kilomètres, parce que la route peut être en mauvais état, dangereuse ou encore être un simple chemin de terre pendant plusieurs dizaines de kilomètres, ralentissant du même coup la vitesse de voyage. Le seul autre endroit où j’avais été auparavant où on comptait en temps et pas en distance, c’était en Corse.

  • Les gens pas fiables

Les Canadiens ont une fâcheuse tendance à s’engager à venir à un repas, une fête et, finalement, à ne jamais venir le jour où se déroule l’événement. Certains préviennent en prétextant une excuse bidon qui ne tient pas la route, d’autres ne prennent même pas la peine d’avertir. Très ennuyeux pour les personnes qui organisent la fête… Du coup, j’ai copié leur habitude et fais pareil et cela ne pose pas le moindre problème, c’est “normal”… Et je suis aussi devenu le roi de m’éclipser d’une soirée où il y a du monde sans que personne ne le sache (talent commun qu’ont développé tous les Canadiens qui ont fait l’effort de se pointer à une fête).

  • Manger des fruits et légumes pas bons

Je ne sais pas si ça vient du fait d’habiter dans les Prairies ou si c’est globalement commun à tout le pays, mais en vivant ici on s’habitue à manger des fruits et des légumes fades et de mauvaise qualité. Ils ont souvent fait des milliers de kilomètres pour nous parvenir, certains ont congelé pendant le trajet, d’autres ont dû être congelés et décongelés… Bref, au final, c’est difficile de trouver des légumes (quels qu’ils soient, même de simples oignons ou aux!) qui ne soit ni abîmés ni pourris vendus sur les étals des grandes surfaces… Et encore, je mange beaucoup de légumes et je cuisine, ce qui n’est pas le cas de beaucoup de Canadiens. À cela s’ajoute le prix exhorbitant auquel sont vendus ces fruits et légumes pas bons et de mauvaises qualité.

  • Marcher sur des trottoirs propres sans crottes de chiens

Winnipeg n’est absolument pas une ville propre, bien au contraire. Les trottoirs sont globalement sales, les détritus traînent de partout, et je ne parle même pas des sacs poubelles éventrés par les écureuils et autres rongeurs… Mais une chose est tout de même agréable au Canada en général: il n’y a pas besoin de slalommer entre les crottes de chiens sur les trottoirs. Ici, il faut ramasser la merde de son chien, donc chaque maître se promène avec un petit sac en plastique dans lequel il glissera le beau bronze qu’aura déposé son clébard préféré. Et gare aux récalcitrants, une belle amende les attendent au tournant! (Par conséquent, c’est respecté)

  • Small talk et politesse

Ah, le small talk… Cet art ancré dans la culture du paraître nord-américain, qui consiste à parler de tout et de rien avec une personne qu’on connaît pas, qu’on ne reverra pas et dont on se fout royalement. Pour exceller dans cet art du bullshit, c’est assez simple: prenez n’importe quel sujet naze et insignifiant, et balancez 2-3 banalités et le tour est joué. Parmi les thèmes de prédilection des Canadiens: la météo et le hockey… Reste que cet art, on est obligé de l’acquérir parce qu’on se fera forcément accoster un jour dans la rue et on devra faire style qu’on s’intéresse à l’autre personne. Toute cette attitude fait partie, plus généralement, de la politesse légendaire des Canadiens. On a du small talk pour être gentil, accueillant, ouvert d’esprit… Cette politesse s’accompagne de plein d’autres petits gestes qui sont toujours agréables à recevoir ou à donner, comme tenir la porte, laisser passer les gens, s’excuser sans cesse pour rien…

  • Considérer les poules commes des animaux sauvages

Alors ça, c’est typique de Winnipeg. Ici, il est interdit d’avoir des poules dans son jardin, pour avoir des oeufs ou autre. La Ville les classe dans la catégorie des animaux sauvages. Du coup, c’est en vivant à Winnipeg que vous prenez l’habitude de considérer les petits gallinacées comme de méchantes bêtes dangereuses et mortelles et toute personne que vous connaissez et qui a des poules devient alors un grand hors-la-loi risquant l’extermination de ses animaux fétiches et des amendes…

  • Interdire aux chats de sortir

Ça aussi, c’est une des idioties de cette ville qui fait que vous prenez l’habitude de considérer les chats non pas comme des animaux d’extérieur comme ils l’ont été pendant des millénaires, mais comme des petits être de compagnie qui sont ravis de vivre entre 4 murs. Et attention: si jamais vous voulez que votre animal goûte à l’herbe et aux oiseaux, prenez des précautions: la règle impose qu’il soit en laisse et que celle-ci ne fasse pas plus de 6 mètres de long… Alors certes j’ai pris l’habitude de ne pas voir de chats dehors, mais non, clairement, je n’ai pas pris l’habitude et refuse cette coutume de considérer les chats comme des animaux uniquement d’intérieur…

Cet article fait partie du rendez-vous mensuel organisé par L’occhio di Lucie : #HistoiresExpatriées.

 

4 thoughts on “14 habitudes que j’ai prises à Winnipeg

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  1. Je ne savais pas que les poules étaient de féroces bêtes sauvages et les chats de petits animaux fragiles à ne pas laisser sortir dehors. 😉

  2. Ahh sans langue de bois j’aime ça. Effectivement les faux sourires, les annulations sans prévenir font partie de la vie au Canada… moins glop je dirais! Merci pour ta participation!

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